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« Faces of desire : representations of the expression of sexual desire in arts (18th – 21st century) » in The Face & the Passion, workshop organisé par le Professeur David Houston Jones de l’Université d’Exeter (Projet européen INTERREG 1914FACES2014).
Si la représentation de l’expression des passions change au travers de l’histoire, celle du désir érotique n’y échappe pas. Bien qu’il mette en jeu le corps en son entier, son point d’accroche privilégié reste le visage comme les autres émotions.
Les transformations de ses représentations sont lisibles dans la littérature et visibles dans les arts picturaux et plastiques : dessin, peinture, sculpture, photographie à partir du 19e siècle, et cinéma au 20e siècle. Elles touchent particulièrement les mouvements des yeux et de la bouche : des yeux mi-clos aux yeux grands ouverts, œil voilé, œil brillant, pupille dilatée, bouche close ou ouverte, ces éléments nous indiquent quel type de schème sous-tend la représentation du désir érotique.
Deux facteurs sont essentiels dans ces transformations. Le premier, général aux expressions des émotions, met en jeu la dialectique entre théories savantes et scientifiques de l’expressivité et arts, des « yeux brillants » du 18e siècle à la dilatation pupillaire au 20e siècle.
Le second engage les schémas de représentation de la sexualité : d’une part l’émergence et la diffusion des représentations de la « sexualité anormale » (perversion, addiction sexuelle et sexualité compulsive) depuis le second 19e siècle, de l’autre des perceptions fortement genrées.
En effet, la représentation artistique du désir dépend de sa définition culturellement partagée : le désir est-il une force (instinct et passion) qui peut dépasser la volonté des individus (comme sous les Lumières) ou une motivation que l’on peut maîtriser et investir de stratégies (20e et 21e siècle) ? Et si le désir peut-être pervers, comment l’expression de cette perversion est-elle dépeinte ? De plus, les représentations des visages du désir féminin et masculin sont différentes : des Lumières au 20e siècle, alors que le visage masculin semble exprimer maîtrise et activité, le visage féminin exprime la pudeur (yeux baissés, visage détourné, la violence subie face au désir des hommes (mouvements des sourcils) et de la passivité face aux passions (alanguissement des traits). Les mutations culturelles, sociales et politiques dans les rapports de genre depuis la seconde moitié du 20e siècle ont cependant conduit à des mutations dans ces schémas classiques de représentation genrée du désir et à la redistribution de l’expressivité masculine et féminine.
Du 18e au 21e siècle, du verrou de Fragonard à Nymphomaniac de Lars von Trier, nous analyserons les transformations des représentations artistiques des expressions du désir sexuel, dans leurs relations avec les évolutions des connaissances scientifiques et médicales sur l’expression faciale des émotions et les mutations des schèmes culturels de représentation de la sexualité.
« Faces of desire : representations of the expression of sexual desire in arts (18th – 21st century) » :
The representations of erotic desire, like the ones of all passions, change through history. While desire engages the whole body, their expressive surface is more the face, as for other emotions. The transformations of these representations are visible in literature and in pictorial/plastic arts: drawing, painting, sculpture, photography since the second 19th century, and cinema in the 20th century. They involves in particular eye and mouth movements : half-closed or wide open eyes, blurred eyes, closed or open mouth, all these elements are significant for an analysis of the patterns that underlie representation of erotic desire.
Two historical factors are at work in these transformations. The first is common to all representations of passions: the dialectic between arts and scientific theories about expressivity, from “shining eyes” (18th-19th c.) to pupillar dilatation and “body (or comportemental) language” (20th-21th c.). The second involves the ways of thinking and perceiving sexuality: on the one hand, the emergence and diffusion of representations of “abnormal sexuality” since the second 19th century; on the other hand, gendered perceptions. Artistic representations of desire actually depends on his culturally shared definition: is desire a force (instinct and passion) which can overtake the will of the individuals (18th and first 19th century), or more a kind of motivation which can be mastered and used in practical strategies (20th and 21th century)? And if desire can be perverse (second 19th – 20th c.), how is the expression of this perversion depicted? Furthermore, these representations are gendered and different if masculine of feminine: from the Enlightenment to the 20th century, the face of desiring man seems to express control and activity, whereas the face of woman express modesty (downcast look, face turned away, blushed cheeks), the experience of the violence inflicted by man sexual desire (particularly eyebrows movements), or passivity in the passion (languor of face). The cultural, political and social mutations in gender relations have nonetheless led to mutations of these traditional gendered schemes of representation and to the redistribution of the masculine and feminine expressive elements.
From the 18th to the 21th century, from Fragonard’s Le Verrou to Lars von Trier’s Nymphomaniac, we will analyse these transformations in artistic representations of the expressions of erotic desire, in relation to the evolutions of scientific and medical knowledge about human emotions and to cultural mutations in the ways of thinking sexuality.
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