« Que fait le genre à l’histoire du XIXe siècle? », journées d’études organisées par Lola Gonzalez-Quijano (LaDéHIS, GENRE-CRH, EHESS), Caroline Fayolle (Rennes 2, Paris 8/ EA 1571), Elizabeth Claire (CNRS, GENRE-CRH-EHESS), Sylvie Steinberg (EHESS, GENRE-CRH), et le Groupe de recherche genre du CRH.
12 et 13 octobre 2015 à l’EHESS, 190-198 avenue de France, 75013 Paris, Salle 638-640. Contact /Inscription : genre19e@gmail.com
Argumentaire : « Ces deux journées d’étude entendent relire l’histoire du long XIXe siècle français au prisme du genre et en résonance avec les questions plus contemporaines étudiées au sein de la Mention Genre Politique et Sexualités (GPS-Sociologie) de l’EHESS. Réunissant des historien.nes, sociologues, littéraires et politistes, elle souhaite initier un travail collectif permettant de dépasser les frontières disciplinaires et de croiser les approches et les outils théoriques.
Il s’agira de mettre en lumière des travaux récents en sciences humaines et sociales qui ont souligné le caractère heuristique du genre et du concept d’intersectionnalité pour comprendre les mutations de la France du XIXe siècle. Assumant le fait que la recherche interroge le passé depuis un présent qui la situe, ces journées s’attacheront aussi à comprendre en quoi les cadres de pensées issus du XIXe siècle, s’ils sont mouvants et peuvent être déconstruits, continuent à nourrir les représentations collectives et les conceptions actuelles du politique. Un retour sur cette période ne peut manquer d’éclairer les stéréotypes à l’œuvre dans les logiques de domination et d’exclusion aujourd’hui. Il s’agira ainsi de proposer des premiers jalons pour opérer, à partir du XIXe siècle, une généalogie des controverses contemporaines qui articulent les questions liées au genre, à la sexualité, au racisme et au post-colonialisme.
Afin de participer à la réflexion collective sur « les sciences sociales au XXIe siècle » menée dans le cadre du quarantenaire de l’EHESS, une table ronde conclusive proposera une discussion mettant en perspective les apports théoriques de ces journées et une réflexion épistémologique sur l’évolution des usages du genre dans les sciences humaines et sociales et notamment en histoire. Le genre sera questionné à la fois comme catégorie d’analyse pour le champ universitaire et comme outil critique mobilisé dans les conflits sociaux et politiques ».
J’interviendrai dans la journée du Mardi 13 octobre, « La fabrique du sexe : éducation et médecine ».
Titre de l’intervention : « Qui étaient les pervers(e)s ? Place et fonctions du genre dans l’invention des « perversions sexuelles » au XIXe siècle ».
Résumé : une thèse dominante depuis les années 1970 (en particulier depuis les travaux de Foucault) veut que le coeur de l’invention psychiatrique des « perversion sexuelles » au XIXe siècle ait été la normalisation de l’identité de genre (homme/femme) et de l’identité sexuelle (homosexuel/hétérosexuel). Cette thèse s’appuie sur un argument historique et épistémologique qui lui est crucial : la catégorie médico-psychologique d’ « homosexualité » définie comme interversion pathologique du genre (et en particulier l’homosexualité masculine) aurait été le paradigme de toutes les perversions. A partir d’une révision de l’historiographie et de l’analyse des cas cliniques qui servirent de modèles aux psychiatres pour inventer les différents « troubles psychosexuels », je montrerai que l’homosexualité (conçue comme interversion du genre) n’a pas été le modèle des « perversions ». Ceci permettra de repenser la place du genre dans la psychiatrisation des déviances sexuelles, non seulement du point de vue conceptuel mais aussi de manière concrète : qui étaient ces femmes et ces hommes « pervers » qui furent les objets de la psychopathologie sexuelle ? Quelles furent leurs places et fonctions respectives dans la clinique psychiatrique ? Et quels furent les effets théoriques de cette distribution clinique ?
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