Mémoire de thèse (version de soutenance) en accès libre sur TEL – SHS accompagné du résumé analytique de la thèse (en cas d’usage de ces documents, veuillez citer leur auteur).
NB : le mémoire de thèse présente quelques erreurs ou inexactitudes historiques (mineures et sans influence sur les analyses de fond). La plupart sont rectifiées dans l’ouvrage issu de ces recherches, Les déséquilibres de l’amour, Paris : Editions d’Ithaque, 2014. Le travail de recherche est un « work in progress » permanent. Il se confronte aux impasses et aux erreurs, il ne cesse d’être approfondi et rectifié, par la confrontation avec de nouvelles sources auparavant ignorées et des lectures alternatives et inédites de ces sources. Aucune de ses conclusions n’est figée. Si vous découvrez des erreurs ou proposez des lectures alternatives à celles que je propose, n’hésitez pas à m’en tenir informée en m’adressant un courriel.
Contexte : thèse réalisée dans le cadre d’une allocation de recherche ministérielle, obtenue sur dossier et projet en Juin 2005 (classement : 1).
Titre : Histoire de la perversion sexuelle. Emergence et transformations du concept de perversion sexuelle dans la psychiatrie de 1797 à 1912. (610 p. + 36 p. de bibliographie et sources). Thèse pour le Doctorat en Philosophie, sous la direction de M. François DELAPORTE. Présentée et soutenue le mercredi 1er décembre 2010. Doctorat obtenu avec la mention « Très honorable avec les félicitations du jury »
Membres du jury
M. Pierre-Henri CASTEL, Directeur de recherche CNRS-INSERM, Université Paris Descartes, rapporteur.
M. François DELAPORTE, Professeur, Université de Picardie Jules Verne ; Directeur de thèse.
M. Bernard DEVAUCHELLE, Professeur, CHU Amiens Nord, Université de Picardie Jules Verne.
M. Philippe NIVET, Professeur, Université de Picardie Jules Verne ; Président du Jury
M. René SCHERER, Professeur, Université Paris VIII, rapporteur.
M. Georges VIGARELLO, Professeur, Directeur de recherche à l’EHESS.
Cette thèse a obtenu le prix de thèse « Sciences Humaines et Sociales » de l’Université de Picardie Jules Verne le 6 Mai 2011.
Synopsis : à l’interface de de la philosophie morale et politique, de l’épistémologie et de l’histoire, cette thèse décrit l’émergence et les transformations du concept de perversion sexuelle dans le discours et la pratique psychiatrique et médico-légale de 1797 à 1912 afin d’en fournir une élucidation critique. En effet, si les sexualités déviantes sont depuis les années 1970 des objets à part entière pour les historiens ainsi que pour les Social, Cultural, gay and lesbian et queer studies, peu de travaux philosophiques s’attachent aujourd’hui à fournir une analyse épistémologique critique du concept de perversion sexuelle. Ce dernier est pourtant un objet tout à fait étrange. C’est une catégorie médico-psychologique normative présente depuis plus d’un siècle et demi dans l’univers psychopathologique. Elle présente cependant des aspects indéniablement moraux et implicitement prescriptifs, dont il semble que la simple présence aurait du la disqualifier depuis longtemps aux yeux des savoirs de l’esprit malade. Comment rendre compte de la stabilité historique et épistémologique d’un concept au sein duquel convergent deux dimensions en apparence contradictoires – prescription éthique et description scientifique, relativité de la morale et des jugements sociaux et objectivité recherchée par la médecine mentale et les savoirs du sexuel ?
Pour retracer la biographie de cet objet scientifique qu’est la perversion sexuelle, cette thèse mobilise un large corpus pluridisciplinaire de sources imprimées : médecine, sciences naturelles, psychiatrie, psychologie, médecine légale et criminologie. En retraçant la généalogie du concept de perversion sexuelle dans l’espace français durant le long XIXème siècle (1797-1912) et l’émergence d’un nouveau type de normativité appliquée à la sexualité, elle analyse les modalités d’articulation de plusieurs discours normatifs distincts : morale, mœurs, loi, médecine, psychopathologie, sciences de l’homme. Deux questions majeures traversent cette histoire de la perversion :
(1) Quelle est la relation de la perversion sexuelle avec les écarts individuels aux normes morales, sociales et juridiques, c’est-à-dire à la déviance ?
(2) Quelles sont les images de la relation du sexe et du mal produites par le discours psychopathologique ?
Ces deux problématiques engagent un questionnement plus large sur la fonction et les effets politiques du concept de perversion sexuelle, notamment dans la gestion sécuritaire des risques sociaux. Elles conduisent aussi à une interrogation anthropologique sur les grands paradigmes épistémologiques et culturels de la sexualité en Occident.
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